Jeudi 6 novembre 2008

Vol Paris - le Caire

Pour nous rendre à l'aéroport, nous utilisons le service spécial "Horizon" des taxis G7, qui dispose d'une vingtaine de véhicules adaptés en Ile-de-France (cf. le chapitre "Logistique"). A Roissy I où chacun est arrivé de son côté, une mauvaise surprise nous attend : le tapis roulant d'accès au satellite est en travaux ... il nous faut passer par un autre terminal et utiliser un minibus spécial à travers le tarmac, provoquant une demi-heure de retard au décollage !

Comme notre itinéraire est triangulaire (Paris - le Caire - Louxor - Paris), j'ai choisi de voyager sur EgyptAir, pratiquement incontournable pour les vols intérieurs ; de plus, les vols réguliers sans escale de Louxor à Paris sont rares (et toujours le samedi).

A l'aéroport au Caire, nous appréçions la qualité de l'organisation. Le camion élévateur s'accole à l'avion et minimise les transferts ; quant au personnel d'EgyptAir, tant en vol qu'au sol, il est d'une grande gentillesse et d'une prévenance de tous les instants.

Le représentant d'Egypt-for-All, notre transporteur local, nous attend à la sortie de la douane et nous conduit à l'hôtel Marriott où nous nous installons. Benjamin nous y rejoint en soirée pour m'apporter mon téléphone portable égyptien, outil qui va s'avérer indispensable pour coordonner la suite du périple.

Vendredi 7 novembre 2008

Le quartier fatimide du Khan el-Khalili

Partis vers 11 heures avec l'idée de visiter l'ensemble du quartier fatimide dans la même journée, nous comprenons rapidement qu'il va falloir raccourcir l'itinéraire prévu : entre la sharia el-Gamallya en terre battue particulièrement cahotique, et la sharia el-Mouizz dont les récents pavés sont encore plus inconfortables, cette première sortie est assez éprouvante aussi bien pour Anne, balottée en permanence, que pour les enfants qui doivent faire de très nombreux portages. Pour une première journée, nous commençons vraiment très fort !

Nous prenons tout de même le temps d'une pause dans un café agréablement décoré, puis de visiter le superbe Bêt es-Suhaymi (1648) fort bien rénové.

Mosquée Ibn Tulun

Puis rejoignant notre minibus à travers la circulation intense de l'avenue el-Azhar, nous trouvons un havre de paix à la mosquée Ibn Tulun (876).

Dîner-rencontre

La soirée se termine au Grillon, petit restaurant du centre-ville (près de Talaat Harb), où plusieurs amis égyptiens nous rejoignent pour une rencontre amicale.

Samedi 8 novembre 2008

Pyramides de Gizeh

Depuis qu'elle a vu le Sphinx, c'est le premier souvenir qu'Anne évoque, suivi de près par les pyramides. C'est dire combien le site l'a impressionné. Mais qui pourrait prétendre le contraire ?

Un petit tour à dromadaire pour les jeunes, tandis qu'Anne et moi profitons de la vue panoramique depuis le belvédère.

Ne croyez pas que ce site, pourtant en permanente réfection, soit franchement bien adapté pour les fauteuils roulants. Si les véhicules peuvent vous amener à proximité de chaque monument (les trois pyramides et le temple bas), les voies piétonnes sont très irrégulières et imposent des portages importants.

Nous décidons tout de même de visiter le musée de la Barque Solaire, dont il faut gravir les escaliers étroits ... mais quelle récompense d'admirer la finesse du travail des charpentiers et l'état de conservation de ce navire.

Les enfants peuvent pénetrer dans la pyramide de Khufu (Khéops) et ressortent extasiés par la chambre du Roi et la Grande Galerie.

Musée de la céramique islamique

Situé à deux pas de notre hôtel, ce petit musée est injustement méconnu. Il recelle des trésors de la céramique islamique, non seulement issue d'Egypte, mais de tout le bassin méditerranéen, et même au-delà.

Dimanche 9 novembre 2008

Musée du Caire

Photos interdites ... sauf dans les jardins et dans le bureau des conservateurs. Albert Ghaly nous accueille et nous concocte un programme de visite particulièrement soigné. Les deux salles des momies, puis le trésor de Touthankamon commenté par une charmante guide francophone. Une pause-thé puis reprise de la visite au rez-de-chaussée, par ordre chronologique. Au total, près de cinq heures de piétinement finissent par épuiser un peu l'équipe, qui reprend son souffle dans les jardins du musée.

Son & Lumière de Gizeh

Vers 19h, après un rafraîchissement à l'hôtel, nous reprenons la route de Gizeh pour assister au célèbre spectalce Son et Lumière des pyramides, en version française sur un texte un peu pompeux mais si brillament écrit par André Malraux.

Lundi 10 novembre 2008

Citadelle

Accueillis par un jeune conservateur détaché par le Dr Mustafa Khalifa, nous visitons la mosquée de Méhémet Ali (1830), puis son palais (non accessible en fauteuil) ; et enfin la mosquée el-Nasser Mohammed, à la coupole verte caractéristique de style mamelouk (1335). Il est intéressant de comparer la forme des minarets, de type "crayon" pour le style ottoman, plus massif pour l'art mamelouk.

Quartier fatimide (suite)

Comme nous avions dû écourter la visite du premier jour, nous voulons absolument voir la partie sud du quartier fatimide, que Magali avait plus particulièrement étudiée. La visite approfondie du wakala el-Ghouri (1504) nous permet de comprendre un peu le concept de l'"iwan", constituant élémentaire de cette architecture. Je vous laisse imaginer la surprise provoquée par nos discussions autour d'un plan en format A0 détaillant tous les bâtiments anciens du quartier.

Nous poursuivons notre visite à travers la Sharia el-Mouizz et sa partie couverte au sud ; et la mosquée du sultan Mouayad (1415).

Transfert à Louxor

Ayant retrouvé notre minibus devant le musée des Arts Islamiques, nous partons directement pour l'aéroport. EgyptAir est toujours aussi efficace et l'embarquement au moyen du camion élévateur se passe sans difficulté. A l'arrivée à Louxor, un véhicule similaire nous attend, et notre minibus est également là, le même modèle qu'au Caire, un Toyota Hi-Ace avec rampe d'accès pliable (cf. le chapitre "Logistique").

L'hôtel Swiss Inn est situé juste derrière le temple de Louxor. Cela nous permettra de circuler à pied dans le centre-ville et de libérer ainsi notre transporteur dès le milieu de l'après-midi.

Mardi 11 novembre 2008

Vallée des Rois

Notre principal souci est de savoir d'une part quelles sont les tombes ouvertes ce jour-là, et ensuite si elles sont accessibles en fauteuil roulant. Pour cela, j'avais préparé des extraits du merveilleux site du Theban Mapping Project, qui fournit des plans côtés et des vues 3D de toutes les tombes de la nécropole de Thèbes Ouest. Nous pouvons donc accéder sans trop de difficulté aux syringes suivantes :

KV 9 - Ramsès V et VI

Sur plus de 100 mètres en pente douce, se déroulent sous nos yeux les différents chapitres funéraires : livre des Portes, livre des Cavernes, livre de la Vache Céleste, Amdouat, livre du Jour, livre de la Nuit, livre de la Terre, ...
Le plafond astronomique montre le mystère de la création du disque solaire, représentation du voyage de la vie à la mort sur la barque sacrée accompagnée du dieu Rê.
De nombreux graffiti grecs et latins attestent que la tombe fut souvent visitée dans l'Antiquité.

KV 6 - Ramsès IX

Un peu plus courte (80 m) mais tout aussi richement décorée, la KV 6 est pratiquement horizontale. Certaines scènes non terminées mettent en évidence les étapes de la décoration : taille grossière, enduit au plâtre, première ébauche des dessins, puis peinture finale.
Le plafond de la chambre du sarcophage est décoré de représentations astronomiques orchestrées par Mout, déesse du ciel, au milieu des constellations et barques divines.

KV 14 - Taousert et Setnakht

C'est l'une des plus longues de la Vallée des Rois (117 m). Elle contient deux chambres funéraires à piliers. C'est un rare exemple de tombe de reine dans cette vallée, qui de surcroît a été ré-utilisée ensuite par un roi.
La reine Taousert régna vers 1215 av.JC. A la mort de son mari Siptah, elle épousa Sethi II, avant que Setnakht ne succède à celui-ci. Setnakht usurpa alors la tombe et changea les inscriptions.
La salle funéraire est toujours pourvue de son superbe sarcophage de granit.

KV 34 - Thotmes III

Seuls les enfants sont allés la voir, car cette tombe est très difficile d'accès : perchée à flanc de montagne, tout en haut d'un escalier de fer.
Elle présente l'une des plus complètes versions de l'Amdouat et des litanies de Râ, dans un art graphique très stylisé.
Dans la chambre funéraire de forme ovale, on dénombre quelques 741 divinités et plusieurs scènes du roi et de la déesse Isis ; le plafond étoilé est bleu outremer.

Sur le chemin du retour vers l'hôtel, nous faisons une petite halte devant les colosses de Memnon, à l'entrée de ce qui fut l'immense temple funéraire d'Amenhotep III.

Musée égyptien de Louxor

Situé le long de la corniche, le musée ouvre en matinée et en fin d'après-midi, ce qui est idéal pour compléter la visite des sites majeurs qui eux ferment généralement assez tôt.
Relativement petit (comparé à celui du Caire), il présente un nombre limité d'oeuvres, mais toutes de très haute facture, dans une muséographie de grande qualité. Récemment modernisé, toutes ses salles sont parfaitement accessibles en fauteuil.

Ballade dans le souk

Revenant à pied du musée vers l'hôtel par la rue du souk, nous constatons également au passage les gigantesques travaux du dromos (allée des sphinx) qui va carrément couper la ville en deux.

Mercredi 12 novembre 2008

Temple de Karnak

Accueillis au premier pylône par le Dr Ibrahim Soliman (directeur des temples de Karnak et Louxor), nous commençons notre visite par le musée à ciel ouvert, où nous sommes autorisés à entrer dans la Chapelle Blanche afin de compléter les photos détaillées des architraves pour le projet Rosette. La Chapelle Rouge d'Hatchepsout intéresse également beaucoup notre petit groupe ; et nous comparons enfin les différentes techniques de gravure sur les échantillons exposés près de l'entrée (bas-relief, haut-relief, relief en creux).

Revenus dans la première cour, nous progressons lentement vers le naos (sanctuaire), passant par l'incroyable forêt de piliers de la grande salle hypostyle, les statues colossales et les obélisques. La chaleur et la faim se faisant sentir, nous appréçions tous une pause-repas à l'incontournable buvette de Karnak, en face du lac sacré.

Ayant recouvré quelques forces, nous reprenons la visite par l'Akhmenou et le jardin botanique, puis l'axe latéral sud, l'immense champ de pierres en attente d'identification, et le temple de Khonsou (actuellement en restauration et non accessible au public).

Au total, nous aurons passé plus de cinq heures sur le site et les portages furent nombreux. Nous aspirons tous à un peu de repos et après un petit détour pour voir les travaux du dromos dans sa partie nord, nous allons nous poser dans un bistrot de la corniche pour profiter de la lumière au coucher de soleil sur la cîme thébaine.

Jeudi 13 novembre 2008

Medinet Habu

De retour sur la rive ouest, nous parcourons le majestueux temple de millions d'années de Ramsès III (et de ses successeurs). La profondeur des hiéroglyphes (jusqu'à plus de 15 cm) et les superbes restes de polychromie étonnent tout le monde.

Une anecdote amusante : alors que nous sommes au fin fond du temple, je suis interpellé par un guide francophone "Monsieur Vincent ?" ... c'est Bahaa Megahed, membre de Rosette, qui accompagne un groupe de touristes français.

Ramesseum

De nouveau, chaleur et appétit se font sentir et trouvent réponse dans cette oasis de fraîcheur qu'est la cafétéria du Ramesseum. Après une petite collation, Anne et Laurence se reposent à l'ombre tandis que nous allons visiter le temple funéraire de Ramsès II, et en particulier la statue colossale, la salle hypostyle et ses scènes des enfants du roi, le plafond astronomique et les greniers de Joseph (qui sont désormais clôturés).

Deir el-Bahari

Autre site grandiose et d'un style très différent, le temple d'Hatchepsout en pleine chaleur nécessite un bel effort pour les pousseurs du fauteuil. Si le revêtement est à peu près uniforme, les rampes d'accès sont longues et pentues. Mais la récompense vient avec les scènes du voyage du Pount, la chapelle hathorique et la cour haute avec le naos en spéos (sanctuaire creusé dans la roche).
De la terrasse supérieure, on peut également constater que dès le Moyen Empire, Montouhotep avait déjà conçu son temple dans un style en hémispéos et terrasses.

Deir el-Medineh

Bien que pratiquement à bout de force, nous finissons par un petit détour à la Place de Vérité (village des artisans), pour voir la structure des habitations et visiter rapidement les deux caveaux de Senedjem et d'Inherkhaou. Puis nous rentrons à l'hôtel en traversant le village de New Gourna (Hassan Fathy).

Vendredi 14 novembre 2008

Croisière en felouque

Nous avions choisi de dédier cette dernière journée au calme et au repos, après le rythme effréné des jours précédents. Sara Villermet nous avait concocté une croisière en felouque.

Embarqués vers midi, et en l'absence de vent, nous sommes d'abord remorqués jusqu'à l'île aux crocodiles sur la rive ouest, où nous visitons la bananeraie (Anne restant sur la felouque), puis nous déjeunons à bord. Mohamed a pris des leçons de cuisine avec Mahmoud (époux de Sara et patron du fameux restaurant Maxime), et nous prépare de fabuleux boultis, le plus fin des poissons du Nil ; malgré l'équipement rudimentaire dont il dispose, il fait des merveilles et nous nous régalons tous.

Vers 15 heures, le vent se lève un peu et nous naviguons tranquillement vers l'amont, jusqu'à l'île aux bananes, puis revenons avec le courant vers Louxor au coucher du soleil. Au total plus de cinq heures de sérénité, à admirer les couleurs changeantes, la vie champêtre, les innombrables oiseaux, les scènes de pêche, ... Que du bonheur !

Temple de Louxor

Vers 19h, j'emmène les enfants au temple de Louxor, si étonnant sous ses splendides éclairages de nuit. Je leur indique les principaux points d'intérêt avant de retrouver Anne qui se repose à l'hôtel.

Samedi 15 novembre 2008

Retour en France

Notre vol est à 16 heures. Chacun boucle ses valises, prend son temps, fait ses dernières emplettes. J'en profite pour rendre une dernière visite à mes amis de Louxor, et jeter un oeil aux travaux d'urbanisme qui scarifient de plus en plus la ville.

L'avion part à l'heure, arrive même en avance ... et comme notre taxi est en retard, nous poireautons une heure à Roissy ! Il fait froid et nous regrettons déjà la douceur égyptienne.